Mercredi 23 novembre 2022.
Le jour tant attendu du retour sur le bateau est enfin arrivé. Bien entendu, je m’attends à plus d’emmerdements qu’en période « normale » ! C’est possible cela ? Ben oui, je vous confirme que c’est possible mais j’anticipe déjà !
Nous avons voyagé avec B.A. aux fins de gagner un jour de trajet car mon beau-fils qui m’accompagne, n’a pas des congés à l’infini. Eh non, je ne suis pas parti avec Ann car je ne souhaite plus qu’elle mette un pied à Grenade (Antilles) ! Lors de son AVC, il a fallu attendre quatre longs jours avant qu’elle ne soit rapatriée sur la Martinique pour y recevoir des soins médicaux dignes de ce nom alors qu’un AVC doit être traité dans les trois ou quatre heures !
Réveil à 3 heures du matin, le taxi est venu nous prendre à 4 heures du matin pour un vol sur Londres qui décollait à 6.40 heures. 65 € la course : correcte. Jusque-là, rien à redire. Une fois en GB, nous avons – bien évidemment – dû passer de Heathrow à Gatwick, le tout en un peu moins de trois heures !!!! Autant dire que nous avons cavalé !
Première difficulté : récupérer mon bagage. J’ai vu le moment où nous allions rater notre correspondance tant cela a mis du temps !
Deuxième difficulté : trouver la navette « National Express » reliant les deux aéroports. Par bonheur, Philippe parle très bien anglais. Nous formions une bonne équipe : je poussais à toute allure mon chariot à bagages dans les couloirs de l’aéroport tandis qu’il me dirigeait. En somme, le pilote et son co-pilote. Nous étions à peine installés dans le bus qu’il partait !
Circulation assez dense mais un chauffeur qui sait faire de doux yeux à sa pédale d’accélération. Chapeau bas : quasiment à la minute, nous sommes arrivés en le temps prévu par l’horaire de la navette !
A Gatwick, je m’apprêtais à descendre du bus lorsque Philippe me dit que selon lui, il fallait atteindre Gatwick sud alors que nous étions à Gatwick nord !!!!!!!!!!! Mais bordel, c’est écrit où tout cela ? Pourquoi ne m’a-t-on rien dit ?
Nous voilà donc repartis pour Gatwick sud tandis que Philippe vérifiait sur internet si son souvenir était exact … Entre-temps, il y avait une splendide horloge digitale dans le bus qui égrenait ses minutes sans la moindre hésitation. Et s’il avait fallu descendre à Gatwick nord … Vous imaginez mon stress …
Sur place, il fallait encore enregistrer mon bagage … Par bonheur, l’aéroport est doté d’un système révolutionnaire d’enregistrement des bagages aussi simple qu’efficace si on est déjà en possession de son boarding pass ! Vous faites tout vous-même !
Ensuite, passer le contrôle des bagages où j’ai bien failli avoir une crise cardiaque ! Imaginez la scène : on vous oblige à déposer vos affaires dans des bacs distincts en sorte qu’après le scanner et vu le monde qui vous suit, vous êtes contraint de prendre chacun de vos bacs pour les déposer sur une table. Je dépose le premier bac qui contient ma montre, ma chaîne de cou, ma chevalière, mes clefs, mon GSM etc. je me retourne pour prendre mon second bac qui contient mon bagage à main et … pffft plus de bagage à main ! Envolé mon bac ! On me l’avait volé le temps que j’aille déposer mon premier bac sur la table !!
Là, je suis prêt à prendre en chasse mon voleur … tout en se sachant pas de quel côté il est parti ! Cela dure dix bonnes minutes d’hésitations et de réelle stupeur (on pense toujours que cela n’arrive qu’autres autres jusqu’au jour où …) avant que Philippe ne m’annonce que mon bagage à main a été retiré du tapis roulant pour une étude plus approfondie ! Ouuuuuf.
Lorsque nous sommes arrivés à la « gate », celle-ci venait d’ouvrir. Mon Dieu, c’était la foule des grands jours !!!
Comme d’habitude, ce sont les premières rangées qui passent d’abord en manière telle d’être certain qu’ils vont convenablement bloqués les autres passagers « parqués » plus profondément dans l’appareil. Une réelle ineptie dont je n’ai toujours pas compris le bon sens ou plus précisément, le non-sens.
Une fois assis, Philippe me fait la remarque qu’il ne se rappelait pas que les sièges étaient aussi étroits ! Il est vrai qu’il faut être un peu acrobate lorsqu’arrivent les petits plateaux repas : gare à vos coudes surtout si votre maman ne vous a pas éduqué correctement !
Bien évidemment, le crétin que j’avais devant moi, abaisse son siège au maximum en manière telle que j’avais sa tête quasiment entre les seins : j’aurais pu facilement lui faire des papouilles … Mais quand donc ces abrutis de l’aviation vont comprendre que la seule manière de procéder pour que tout le monde puisse profiter d’un confort déjà très relatif, il faut supprimer cette option des sièges. De surcroît, cela coûterait moins cher à la compagnie.
J’essaie de somnoler avec plus ou moins de succès quand j’émerge une nouvelle fois : il restait 7 heures de vol !!!!!!!!!!! Mais ce n’est pas possible : le trajet fait maximum 8 heures de vol et selon les informations du bord, nous sommes près d’arriver à la moitié du trajet !!!!!!!!!! C’est d’ailleurs bizarre : Ann m’avait parlé d’une heure d’arrivée à 17 heures et dans l’avion, il est question de 15.15 heures ! Il va d’ailleurs falloir avertir notre taximan que nous arrivons plus tôt qu’annoncé.
A l’heure prévue, nous atterrissons à Grenade. Super, il fait encore clair et puis, je commençais sérieusement à avoir des fourmis dans les jambes. Le côté bizarre reste quand même que je n’ai pas reconnu la côte lorsque nous l’avons survolée !
Alors que notre avion stoppe ses réacteurs, de notre hublot, je vois une petite pancarte indiquant : « Sainte Lucie » !!! Mais bordel de merde, personne ne m’a jamais indiqué que nous faisions escale à « Sainte Lucie » ! On ne me dit jamais rien, à moi !
Une bonne partie de l’avion descend tandis que de nouveaux arrivants viennent prendre leur place. Rien de plus normal sauf que lorsque vous essayez de vous rendre d’une île à l’autre, cette possibilité d’embarquement n’est jamais renseignée ! Pour notre part, nous sommes restés à bord : nous avions trop peu de temps pour visiter l’île …
Il n’y a pas eu d’autre escale (ouuuf) et nous sommes arrivés à Grenade, passé 17 heures. Par manque de chance, nous sommes descendus quasiment les derniers de l’avion !!!!!!!!! Une file incroyablement longue pour la vérification des passeports et ensuite, une nouvelle file encore plus longue, pour le passage en douane !!!!
A chaque fois, les deux douaniers avaient l’air de prendre leur pied avec les passagers contrôlés : « Comment va la famille ? Le délai d’avion ne fut pas trop long ? On pourrait peut-être se faire un petit golf ensemble, à l’occasion. » J’ai eu plus que le temps de m’imaginer ce que ces crétins de douaniers pouvaient bien demander à chaque personne qui passait devant eux. Ils semblaient beaucoup s’amuser en tous les cas ce qui est assez rare dans la profession.
Nous étions quasiment les derniers à passer ! Ce qu’il nous a demandé ? Bof … ce que nous avions dans nos sacs ? Combien de temps on restait ? Des conneries du genre mais en dehors, personne mais alors absolument personne, n’a dû ouvrir son sac. Personne ne s’en est plaint.
Dehors, Jeffrey, notre taximan attitré sur Grenade, nous attendait. Pour un motif que j’ignore toujours, il lui a fallu plus d’un quart d’heure pour aller chercher son taxi !!!!!!!!!! Ce type, je ne l’encaisse pas …Nous arrivons au bateau qui depuis un an n’a pas bougé de place sur l’esplanade du chantier. Il fait nuit noire mais les températures sont incroyablement supportables contrairement à l’année précédente !!!! Cela nous avait tout particulièrement affecté cette année-là.
Je profite qu’il n’y a ni vent, ni pluie pour … monter, avec Philippe, génois et trinquette !! Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pas imaginé que nous puissions réaliser un tel exploit. Nous avions à peine terminé qu’un solide grain nous est tombé dessus !
N’ayant absolument rien à bord, j’ai proposé à Philippe d’aller nous ravitailler au club house de la marina. Il était 21 heures. Il y avait une dizaine de locaux devant le bar.
Question restauration, la cuisine était déjà fermée … mais le bar, aussi selon le barman !!!! « A titre exceptionnel », il accepte de nous servir deux bières mais je ne pouvais payer qu’en monnaie locale ! Par bonheur, il me restait 20 EC dollar de la saison précédente. Nous avons donc eu droit – « à titre exceptionnel » – à nos deux bières !!!!
Nous étions assis à notre table qu’une serveuse nous apporte deux nouvelles bières !!! Je sais que les femmes craquent devant le bel Adonis que je suis mais quand même … Avant qu’elle ne décapsule les deux bouteilles, je lui précise que je n’ai plus de monnaie locale mais que je peux payer avec ma Visa. « Ok qu’elle répond … pas de problème ! » J’ai eu le sentiment que le barman s’était bien foutu de notre poire avec son « à titre exceptionnel ».
Jeudi 24 novembre 2022.
Il était 7.30 heures lorsque je me suis réveillé naturellement. En voulant aller prendre ma douche, je glisse sur le talus en pente descendante séparant le bateau, des douches toutes proches. Non seulement, je me suis fait très mal car je suis tombé lourdement sur le côté et non, sur les fesses mais je ne vous dis pas l’état de mon short blanc cassé ! Voilà une superbe manière de commencer une journée de merde …
Après la douche, nous sommes allés déjeuner au club house où je n’ai rencontré aucune difficulté à payer avec ma Visa …
Après cela, nous avons commencé à vérifier le matériel, à tout remettre en place etc. La liste des problèmes techniques doit faire l’équivalent d’un bottin téléphonique. Le pire, ce sont tous nos écrans (trois écrans de PC + un écran de télévision) qui ont pris l’humidité juste derrière la vitre !!!! Du jamais vu qui je le crains, va nous coûter une fortune.
Autre spécificité de l’île : j’ai trouvé un nid d’oiseau composé pour l’essentiel, de bouts de Colson dans notre bôme !!!! Quand nous allons lever la GV qu’allons encore découvrir ??
C’est une île de merde mais il faut rendre à César, ce qui appartient à César : dans l’heure, j’avais un technicien qui venait remplacer la sonde de notre déssalinisateur ! Travail excessivement simple puisque j’avais apporté une nouvelle sonde mais malgré nos recherches, nous n’avions pas trouvé où se réalisait le branchement électrique !!! Cela lui a quand même pris, une grosse heure !!!
A 14 heures, Jeffrey devait venir nous chercher pour aller faire un avitaillement. Bien entendu, il est arrivé avec une petite demi-heure de retard (dans le fond, j’aurais préféré annuler cette course tant nous avions encore des choses à faire). Nous sommes donc partis avec lui, à la grande surface locale où nous avons acheté les produits de première nécessité.
Alors que nous terminons tranquillement nos courses, Jeffrey vient nous trouver dans le magasin pour nous dire qu’il va faire une petite course et qu’il revient nous prendre ensuite : nous avons attendu une grosse demi-heure que ce crétin réapparaisse. Si j’avais pu, je l’aurais bouffé. Je fulminais.
Vers 18.30 heures, nous sommes allés nous restaurer au club house. On y mange très bien ce qui n’était pas particulièrement mon souvenir.
De retour au bateau, Philippe me demande le code wifi du bateau et se connecte sans problème. Mon vieux GSM se connecte … sans même me demander de code !!!!! J’ouvre mon PC (un Dell acheté il y a quelques mois seulement) et là, je découvre que cette petite merveille qui m’a quand même coûté un bras, refuse obstinément de se connecter au wifi du bateau !!!!!!!!!!!!!
Je demanderais bien à la société qui me l’a vendu, de prendre la main sur mon PC et de faire le nécessaire mais sans internet, c’est plutôt mal barre. Je suppose que la seule solution consistera à acheter un nouveau PC de fabrication locale cette fois … Quand je vous disais qu’il s’agissait d’une journée de merde. Pourquoi je fais encore du bateau ? Simple … je m’ennuyais avec bobonne à la maison. Cela vous va comme réponse ?
Vendredi 25 novembre 2022.
Je n’ai pas trouvé le sommeil avant 3 heures du matin et à 7.15 heures, j’étais réveillé !!
Passage par la douche de la marina (pas trop bien entretenus les sanitaires du chantier) et ensuite, petit déjeuner au club house.
Immédiatement après, nous nous mettons en devoir de vérifier de nombreux points. Ce faisant, je découvre que notre lazy jack tribord est usé jusqu’à la corde. En voulant prendre la mesure du cordage qui nous était nécessaire, mon mètre ruban se casse et la drisse de spi se cale à mi-hauteur du mât !!! Pas d’autre solution que d’envoyer Philippe dans le mât …
Chez le shipchandler, nous découvrons un vaste hangar … quasiment vide !!!! Et malgré cela, je trouve pile poil, le cordage que je recherchais !!! Mais Bon Dieu que fait Ann en mon absence ?
Entre deux pluies (il n’a pas arrêté de pisser depuis notre arrivée sur l’île), nous progressons dans nos vérifications pour la mise à l’eau prévue pour ce vendredi 13 heures. Il pleut tellement que la mise à l’eau est interrompue à de nombreuses reprises ! Fort de mon expérience de l’année précédente, nous nous sommes mis à l’abri au club house où nous avons attendu patiemment derrière un verre que le bateau pointe son nez à la darse.
Lorsque j’essaie de faire démarrer le moteur, rien ne se passe : les cadrans ne s’allument même pas ! Idem pour le groupe électrogène : pas le moindre jus !
Je suis réellement scotché car je ne vois pas ce que j’aurais pu oublier de brancher (avec le grand âge, je me surprends à oublier beaucoup de choses). C’est un peu la panique à bord car je n’imagine pas un seul instant, le bateau retourner sur le tarmac mais en un autre sens, je ne me vois pas le déplacer jusqu’au ponton pour dégager la darse. Par bonheur, nous sommes le dernier bateau mis à l’eau et le week-end se profile à l’horizon. En un autre sens, il est déjà 15.30 heures et trouver un technicien en ces conditions, paraît mission impossible.
Grâce à l’aide des gens de la marina, un électricien s’est pointé assez rapidement et a diagnostiqué que nos trois batteries Optima (2 MP + 1 GE) étaient mortes !!!! Si ce n’est pas une première, nous nous laissons chaque fois, totalement surprendre car elles restent sous chargeur durant toute la période d’immobilisation.
Autre petit miracle, notre électricien parvient à nous faire apporter trois nouvelles batteries ! Ce n’est pas exactement la bonne dimension en hauteur en sorte qu’il n’est plus possible de refermer le couvercle du coffre mais comme nous en changeons très périodiquement …
Pour nous remettre de nos émotions, nous sommes allés dîner au club house de la marina en laissant le bateau dans la darse. Quand nous sommes revenus, j’ai cru avoir un nouveau coup au cœur tant le niveau d’eau avait baissé alors que j’ai toujours cru qu’il n’y avait pas de marnage significatif dans les Antilles !
Nous avons donc passé les trois heures qui suivent, avec la peur au ventre, à vérifier tous les instants, la hauteur d’eau dans la darse : 3.1m. Vers minuit, l’heure de marée basse étant échue, nous sommes allés dormir un peu plus rassurés.
Samedi 26 novembre 2022.
Après avoir reçu de Ann, une météo très encourageante pour le week-end mais également, infecte pour les trois premiers jours de la semaine, il fut décidé que nous partions pour la Martinique (157 NM) le matin même.
Nous trouvant assez curieusement dans une nouvelle phase de marée basse, nous avons quitté la darse à 8.15 heures sans prendre de petit déjeuner car nous avions bien trop peur qu’il n’y ait plus assez d’eau !
Je veux allumer nos appareils de navigation B&G ainsi que nos pilotes automatiques et je constate effaré puisque la veille au soir, ils fonctionnaient parfaitement bien, qu’ils ne s’allument plus !!! Je décide de lancer le GE et comme par miracle, les appareils s’allument !!!
Il fait superbe, le vent n’est pas trop fort et malgré l’absence de toute aide extérieure, nous sommes partis comme un pet sur une toile cirée !
Une fois en mer, nous avons pris la direction de « Georges Town » (la capitale) devant laquelle, nous avons hissé la GV pour prendre immédiatement 2 ris. Bien qu’il s’agisse d’un domaine réservé à mon épouse, je suis parvenu sans encombre à réaliser cette délicate opération qui nous a déjà valu, par le passé, de nombreuses déchirures ! En prenant nos ris, je relève que la drisse de GV est fortement usée en un endroit de frottement avec les lazy jack ! Je conserverai en tête cette information durant toute la navigation …
Le vent réel de 14 à 15 nœuds était un peu trop nord mais l’allure au près était agréable et la mer plutôt calme. Nous étions à hauteur des « Grenadines ».
Cette histoire de B&G m’interpellant, je décide de laisser tourner le GE durant 4 heures. Quand je le stoppe, les appareils fonctionnent normalement mais 1.45 heures plus tard, ceux-ci s’éteignent brutalement faisant partir le bateau en sucette (plus de pilote automatique) !
Je rallume donc une seconde fois le GE durant une nouvelle période de 4 heures sans connaître de changement ! Une conclusion s’impose : notre parc de batteries « électronique » composée de 6 batteries gel Mastervolt 12V de 200A et pourtant resté sous tension pendant sa longue période d’immobilisation, est mort !!!!!!
Pour maintenir les appareils en fonctionnement, nous avons alterné GE et MP.
Lorsque la nuit tombe, nous sommes plus ou moins à hauteur de « Bequia » mais bien plus au large que nous l’aurions souhaité : vent trop nord !
Alors que la météo dénichée par Philippe, prévoyait une chute du vent pour la nuit, celui-ci se renforce à 20-21 nœuds de vent réel. Si cela ne nous pose pas de problème particulier, la mer s’emballe un peu plus et surtout, nous dérivons de plus en plus plein ouest !
Une chute de vent temporaire, on relance le MP tandis que le vent en profite pour repartir de plus belle ! Nous jouons la remontée au vent tant que nous sommes au moteur mais cela tape furieusement : d’une navigation paisible et super agréable (gare toutefois, aux méchants coups de soleil !) nous venons de rentrer dans une nuit cauchemardesque mais nous ne le savons pas encore.
Je ralentis le moteur pour voir si nous pouvons marcher à la voile et tous nos appareils de navigation dont les deux pilotes automatiques, tombent brutalement en rade et le bateau repart en sucette. Si en plein jour, reprendre en main un bateau qui perd la boule, s’exécute facilement, de nuit, c’est nettement plus délicat d’autant que nous n’avons pas beaucoup de lumière dans le cockpit : notre lampe torche est en berne depuis la saison précédente et je n’ai pas pensé à la remplacer !
Il est tellement agréable de skipper un voilier au départ d’un écran de navigation extérieur que l’on s’habitue très vite à ce confort en sorte que lorsqu’on en est privé (écran quasiment illisible), la navigation prend immédiatement une autre allure : bien des informations intéressantes nous manquent comme la distance restant à parcourir, le ETA ou les AIS des autres bateaux etc.
Avec la tombée de la nuit et un vent qui se renforce plus qu’il ne faiblit, je prends la décision de remplacer le génois après en être arrivé à le réduire au maximum, par la trinquette. Sage ou mauvaise décision, avec une mer de plus en plus mauvaise, la vitesse du bateau s’en ressent et le pilote automatique finit par ne plus pouvoir le tenir en main !!! Rebelotte, il part en sucette et je fais deux 360° avant de parvenir à reprendre la main !
Comme si la situation n’était pas déjà assez tendue, je relève régulièrement l’indication « perte de position » ! Si dans la majeure partie du temps, cela n’affecte pas le système de navigation, il arrive de temps en temps que le tout le système se mette en « Off » !
Durant l’immobilisation du bateau, le chantier s’était plaint auprès de Terry (le gardien de notre bateau) que notre alarme anti-intrusion s’activait trop fréquemment durant la nuit. Celui-ci avait donc décidé de faire monter dans le mât, un (technicien) pour couper le fil d’alimentation de l’alarme ! Nous ne l’avons appris que plus tard alors qu’il suffisait de désactiver l’alarme avec une clef en sa possession … A sa décharge, j’ai effectivement pu relever que l’ergot de la clef était cassé !! Mais quand cela s’est-il produit ? Mystère.
Durant notre séjour à terre, j’ai été surpris d’entendre mon alarme se mettre en route alors que l’on procédait au changement des batteries MP + GE. J’ai trouvé cela franchement bizarre mais comme je n’avais plus Terry sous la main, pour lui en parler, j’ai laissé courir.
Nous venons de comprendre qu’en fait, ce n’est pas l’alimentation de l’alarme qu’il a coupée mais plus que vraisemblablement celle du radar, de la TNT, de l’AIS et qu’il a également endommagé le câblage du GPS !!!!!!!!! Un vrai « massacre à la tronçonneuse ».
A hauteur de la pointe sud de « Sainte Lucie », nous avions dérivé de 35 NM vers l’ouest !!!! Il n’était donc plus question de naviguer à la voile mais d’essayer, au moteur, de « piquer » en droite ligne sur la « Martinique ».
Le voilier s’étant transformé en cours de nuit, en véritable sous-marin, il nous fut impossible à tous les deux, de seulement fermer les yeux plus longuement que quelques minutes.
Je n’ai jamais été aussi heureux de revoir le jour poindre mais je l’ai très vite regretté car peu de temps après, alors que nous étions à hauteur du canal mais en pleine mer des Caraïbes, le vent est monté jusque 37 nœuds de vent réel ! J’ai bien cru que notre dernière heure était arrivée tant il y a une différence essentielle entre le vent arrière et le près.
C’était tellement violent que je me suis senti obligé d’enrouler totalement la trinquette qui est pourtant une voile de gros temps ! Notre Garcia, pour sa part, semblait s’accommoder de la situation et notre moteur Volvo ronronnait comme un petit chat !! Le hurlement du vent à vos oreilles peut mettre à rude épreuve les nerfs d’autant que la visibilité est quasi nulle en ces moments-là !
Combien de temps cela a-t-il duré ? Je n’ai pas regardé ma montre mais cela m’a paru une éternité d’autant que j’avais le sentiment très présent que la « Martinique » ne se rapprochait pas.
Brutalement, le vent a commencé à faiblir et surtout, la visibilité s’est nettement améliorée. Comme le Canada Dry, cela avait tout de l’allure d’un gros grain et pourtant, ce n’était pas un grain ! En tous les cas, nous n’avons pas eu une seule goutte de pluie ! Existerait-il un « grain sec » ??
A l’approche timide de la « Martinique », j’ai relevé que nous avions pris jusque-là pour waypoint « Fort-de France » et non, la baie « Sainte Anne », notre véritable destination !!
Les 25 derniers milles furent, comme toujours, les plus longs avec un vent qui forcissait jusque 25 nœuds, sur la fin !!!!
Nous sommes arrivés au ponton fuel du « Marin » à 12.17 heures soit 13 minutes avant sa fermeture. Le préposé de la marina craignant de devoir travailler sur son temps de pause de midi … aurait voulu nous faire poiroter jusque 14 heures. J’ai argué qu’il n’était pas encore 12.30 heures. De mauvais cœur, il nous a permis de prendre du gasoil (520 litres à 1.8 €/litre). Peut-être aurions-nous pu en mettre un peu plus mais il était tellement pressé que je n’ai pas osé le retarder davantage.
Ensuite, nous sommes allés prendre un mouillage à « Sainte Anne ». De loin, cela paraissait surpeuplé mais de près, les distances entre les bateaux étaient ce qu’elles devraient toujours être. J’en ai profité qu’Ann n’était pas avec moi pour faire plusieurs fois le tour du mouillage comme je le vois trop souvent faire et qui m’exaspère car à chaque passage, je stresse à l’idée que le visiteur ne jette l’ancre près de nous, pour me faire choper de justesse, par un monocoque de location, l’emplacement que je convoitais !
En finale, j’ai trouvé une place encore plus près du village et donc entouré de toutes parts, de crétins divers, qu’Ann ne m’aurait jamais accordée ! Las de passer mon temps à m’énerver sur tous ces bateaux qui viennent jeter l’ancre tout autour de nous et bien souvent, trop près de nous, j’ai décidé de faire comme eux et de m’adapter aux « mœurs locales ».
Après avoir vérifié que notre déssalinsateur était correctement réparé, j’ai rincé à grandes eaux tout le pont et la coque du bateau. Vers 17 heures, nous nous sommes attablés dans le cockpit pour dîner : il s’agissait de notre premier repas depuis vendredi soir !
Depuis notre arrivée en « Martinique », j’ai assisté à deux « miracles » c’est-à-dire à une intervention ni humaine, ni divine mais d’origine parfaitement inexpliquée ! La première fut de réaliser que notre groupe hydrophore (grosse pompe à eau) qui était en rade depuis juillet (!) et que nous n’étions pas parvenus à relancer à « Grenade », fonctionnait comme par enchantement, à nouveau normalement et la seconde, que mon PC Dell, sans une quelconque nouvelle manipulation et sans même entrer le code de la Wifi du bateau (!) se connectait automatiquement à l’internet de celui-ci !!! Malheureusement, les « miracles » se sont arrêtés là.
Lundi 28 novembre 2022.
Si Philippe s’est endormi comme une masse, je me suis contraint à rédiger jusque tard dans la soirée, mon blog. Après quoi, j’ai eu droit à un sommeil plutôt agité avec de nombreuses pauses !
Il y a un bon vent, du soleil en suffisance et le plan d’eau est super calme. Le bateau ne bouge quasiment pas, c’est super agréable.
Si cela ne tenait qu’à moi, je prendrais bien une journée de repos mais bien évidemment, il y a tellement de choses à faire que nous n’avons même pas encore eu l’occasion de mettre l’annexe à l’eau !!!! Consolation … le bateau reprend de plus en plus belle allure.
Belle soirée mais la fatigue me submergeant, il est 22 heures quand je me mets au lit. J’aurais pu croire que je tomberais immédiatement endormi mais pas du tout, après m’être retourné dans tous les sens, je prends le parti stupide de surfer sur internet !
Ce qui me met en fureur ce ne sont pas tant les informations que je trouve sur mon PC mais bien plutôt que je n’en trouve aucune car je n’ai plus d’internet ! Philippe ne dormant pas encore, je lui demande s’il reçoit toujours le signal wifi du bateau et il me répond que non ou du moins, c’est ce que j’ai compris. De là, j’ai commencé à m’exciter de toutes les manières sur le routeur du bateau …
A 4.30 heures du matin, las de mes vaines pérégrinations, je prends le parti d’abandonner, le cœur très lourd : ce que le Très Haut vous donne d’une main, il le reprend très vite de l’autre …
Mardi 29 novembre 2022.
Je me réveille à 8.30 heures pour relever que je n’ai toujours pas d’internet (le wifi du bateau semble pourtant fonctionner !!) et commence alors la « chasse aux techniciens ». Celle-ci s’ouvre généralement avec le retour des plaisanciers et de manière fort compréhensible, l’animal fait l’impossible pour éviter qu’on le débusque.
De toute manière, lorsque vous parvenez à mettre la main sur un technicien, celui-ci est invariablement « overbooké » ! Je ne sais plus entendre ce mot sans irruption instantanée d’eczéma. Pourquoi, diable, alors venir en « Martinique » ? Parce que c’est la seule île où vous trouverez ce type d’animal. Sur les autres îles, ils sont le plus souvent absents du paysage.
Première journée où nous mettons l’annexe (très sale cette dernière …) à l’eau. La brave petite démarre au premier coup de clef. Comme il est impératif de faire le plein d’essence, nous nous dirigeons directement vers le « Marin » sans détour par « Sainte Anne ».
Nous découvrons que le Club Med a balisé une étendue d’eau pour sa pratique du ski nautique très prisée par ses clients. Je m’étonnais que leurs hors-bords resteraient confinés en cette enclos et bien évidemment, il ne fut pas long de les en voir sortir pour slalomer entre les bateaux au mouillage ! Une honte.
Autre mauvaise nouvelle, le petit chenal balisé que nous empruntions, a perdu ses deux bouées ! Lors de notre dernier séjour, une bouée s’était déjà fait la malle. Cela complique un peu les choses.
Toujours cette impression qu’il y a énormément de bateaux et pourtant, à y regarder de plus près, c’est bien le début de la haute saison. Par exemple, le chenal d’accès au chantier naval est bien dégagé … Par bonheur, l’A.R.C. atterrit cette année, à « Grenade » (!!) après avoir trop longtemps pris « Sainte Lucie » comme destination.
Au ponton fuel, nous avons réalisé notre clearance d’entrée. Il s’agissait d’une première pour moi : c’est toujours Ann qui s’occupe des formalités en douane ! Ici en « Martinique », le système est d’une simplicité déconcertante puisque tout se fait sur un terminal d’ordinateur sans que jamais un douanier ne pointe le bout de son nez. J’adore la France …
Chez « Caraïbe Marine », nous avons fait part à Julien d’une partie de nos petits ennuis comme le remplacement des batteries du « parc électronique ». Reste maintenant à savoir s’il faut les commander (délai min. d’un mois) ou si nous parvenons à caser celles du magasin. La différence réside en les dimensions de ces batteries : les premières sont des gels et les secondes, des AGM.
Au départ, le chantier Garcia a construit les coffres pour des batteries gel alors que pour les Antilles et en raison des températures fort élevées, ce sont les AGM qui sont recommandées ! Lors du précédent changement de batteries (en mai 2018), nous n’avons pas osé passer aux AGM avec la conséquence que l’on connait maintenant. Forts de cette expérience, nous allons cette fois-ci tenter l’expérience !
Le pire moment de notre entretien fut de devoir choisir l’ordre de priorité des tâches en raison d’un calendrier « overbooké » jusqu’au 20 décembre grrrrrrrrr. Perso, j’aurais placé en premier, la réparation de nos connexions dans le mât mais pratiquement, il s’agira sans doute de la dernière intervention grrrrrrrr.
Pour terminer la boucle, nous sommes passés au « Leader Price » pour de petites courses d’avitaillement.
Très agréable soirée télévision avec la diffusion sur Guadeloupe 1ère de ma série policière préférée, « Tropiques criminels » dont l’action se déroule en … « Martinique » !
Mercredi 30 novembre 2022.
Journée qui se voulait farniente et qui s’est révélée par moments, « merdique » ! Tout d’abord, mon PC Dell s’amuse à se connecter et à refuser de se connecter au réseau wifi du bateau. Le routeur 4G du bateau ne semble pas non plus à l’abri de tout reproche encore qu’il soit impossible d’en être convaincu. J’ai donc fait appel à la société d’informatique qui m’a vendue le PC mais sans aucun résultat malgré de nombreuses manipulations !
Désireux de pouvoir plonger au plus tôt, j’ai changé l’interrupteur défaillant de l’arrivée de courant au compresseur de plongée. Au moins la situation est maintenant plus nette : avant mon intervention, il était parfois difficile de couper l’arrivée de courant alors que maintenant, elle n’arrive plus du tout à la prise de courant dédiée !
J’ai également changé une pièce défectueuse du compresseur de plongée mais il me faudra attendre une autre journée merdique pour en apprécier le bienfait …
Pour me détendre – du moins était-ce là l’idée de départ – je suis allé nager avec ma bouée de signalisation. Sur le retour vers le bateau, je constate qu’un catamaran de location avec skipper (« Javanaise » de Alternative Sailing) se dirige vers moi ! Par bonheur, le skipper et sa compagne m’ont vu dans l’eau. Ouf. Ceci ne les empêche pas de me croiser à peu de distance … pour jeter l’ancre immédiatement après m’avoir dépassé !!!
Pour assurer son ancre, notre skipper s’engage dans une marche arrière et le bateau part en oblique sur bâbord. Etant du même coup, sur son chemin, ce crétin ne trouve rien d’autre que de me faire de grands signes de dégager !!!!! Mais qu’est ce qu’il s’imagine ce crétin de skipper professionnel … que je peux à volonté, engager la cinquième vitesse et partir à toutes jambes. J’ai bien pensé aller m’expliquer avec ce dangereux connard mais ils sont si nombreux dans ce cas que j’ai préféré fulminer tranquillement sur notre bateau.
Comme vous le savez sans doute maintenant si vous me lisez régulièrement : la vie est une longue tartine de merde dont chaque jour on en mange un bout, avec certains jours, de la merde sur les deux faces. Aujourd’hui, il y en avait sur les deux faces.
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